Le délicat coquelicot
offre son sourire pavot
au milieu des épis de blé
où roucoucoule la gaieté.
Au loin il me fait un clin d'oeil,
s'agite comme un écureuil,
c'est une note romantique
issue d'une gamme insolite.
Pour le cueillir j'écraserai
la fleur du pain et le bleuet,
je parerai mon horizon
de ses pétales accordéon.
De ce rouge pur et dansant,
léger et vif comme le vent,
je me ferai un gros chignon
pour faire enrager Cupidon.
Attention ! car pour le saisir,
son voile tu risque de meurtrir,
les doigts maculés de lait blanc
tu le jetteras aux serpents.
Il distribue pour mon plaisir
des baisers bleus qui font dormir.
Joyeuse je veux le cueillir,
avec lui je voudrai m'enfuir,
Mais au sol je laisse tomber
cette aguicheuse peu banale
au bustier vert et robe de bal
qui ne me fera pas danser.
Le coquelicot est gai et triste,
comme un Pierrot comme un artiste,
quand il accroche des guirlandes
tout alentour du no man's land.
Les coquelicots sont...
ce sont des taches de sang
qui sont tombés d'un encrier
au faît de l'été
o,o,o,o,o,o,o,o,o,o,o,o,o,o,o,o,o,o,o,o,o,o,o,o,o,
Quand bien haut je déclame
Vos poèmes charmeurs,
J’ai comme un vague à l’âme
A ouvrir votre cœur.
Ils pleurent vos sentiments,
Ils saignent dans mes mains,
Ils forment un roman,
Blotties contre mon sein.
C’est un cri si puissant !
Un appel au secours,
Émotions ne pouvant
Être mises au grand jour.
Pourtant vous en crevez
A les garder pour vous,
Alors vous écrivez
Et ça devient plus doux.
Lors tout en vous lisant je porte votre peine.
Vous aussi lisez-moi quand je suis porcelaine.
Viens te reposer un peu | | Hospitalité |
Toi qui te sens si fatigué, Viens près de moi te reposer. Je voudrais être nymphe d’or Pour la chenille bicolore ; Humble tronc en Californie Pour le papillon si joli. Je veux être maman guépard, Te soustraire aux mauvais regards, Et éléphant vingt et un mois Pour te porter tout contre moi. Et pourquoi pas cocon de soie ? Pour le ver au tendre minois ; Araignée perdue dans la treille Pour te réchauffer au soleil. Etre aussi un igloo d’argent Pour le gentil ourson tout blanc, Banc de glace en région polaire, Le voir glisser sur son derrière. Je veux être un nid bien douillet, Pour la peluche un vrai palais, Jour après jour maman Panda Berçant mon bébé dans mes bras, Et la patience du castor, Qu’auprès de moi tu te restaures. Assieds toi sur ma large queue Je vais te promener un peu. Mais si le voilier tu préfères Je me ferai blanc cygne en mer Pour t’emmener vers les Bermudes De l’aurore au noir crépuscule ! Vois ! je ne suis rien de tout ça, Je n’ai à t’offrir que mes bras. Toi qui te sens si fatigué, Viens près de moi te reposer. Suzanne | Vous me faites honneur D’ainsi vous arrêter, Dans mon humble demeure De si loin vous venez. S’il n’eût été ainsi J’aurais dû quémander, Sur la place publique Avant la nuit tombée. Le pot à eau est plein Vous pourrez vous laver, Et ce cruchon de vin Pour vous désaltérer ; La couche est de fougère Fanée au vent austral, Là un peu de lumière, Un œil sur les étoiles. Le pain il me faut cuire Puis je vous servirai, Mais pouvez-vous me dire Votre nom s’il vous plait ? Parlez moi du voyage Qu’avez-vous rencontré ? Et de votre village, De votre parenté, De vos amis aussi, De ceux que vous aimez. Avez-vous des ennuis ? Je vous en prie, parlez ! Vous poursuivrez demain Vos chemins, vos sentiers, Et ce reste de pain Vous pourrez l’emporter. J’irai à vos côtés, Portant le baluchon, Jusqu’à l’autre contrée, Jusqu’à l’autre région. Vous parlerez de nous À chaque maisonnée, De Paris à Moscou Donnez nos amitiés ! Suzanne |